Dans le cadre de sa formation, Laurent est « coach de la journée » et, à ce titre, je l’accompagne avec un seul objectif : lui apprendre son métier de coach, l’encadrer dans cet apprentissage et lui permettre de prendre conscience de l’impact de ses paroles et de ses comportements sur ses interlocuteurs.
Long chemin que celui de cette transformation identitaire qu’ il poursuivra sans doute, de nombreuses années. « Quand on commence, on ne s’arrête jamais »! C’est en tout cas une maxime qui circule dans la profession. A un moment de la préparation, je lui dis : « Passons au programme de la journée. »
Il me répond alors : « Oui, j’y pensais justement et j’allais poser la question. »
Quelques heures plus tard, en réunion, je fais une proposition analogue et je suggère d’avancer sur le programme de l’après-midi.
Laurent me fait alors le même genre commentaire : « Oui, ça tombe bien, je pensais le demander juste après ! »
Cela fait tout de même deux fois que Laurent répète le même commentaire. Que veut-il dire ? Pourquoi met-il tout ce temps pour formuler des demandes qu’il n’énonce finalement pas ? Justifie-t-il quelque chose ? Bref, je m’interroge avant, en arrière-plan, un fond d’agacement, comme un pincement, une envie de dire et de ne pas laisser passer.
L’occasion se présente un peu plus tard quand une autre personne anticipe une des réactions potentielle de Laurent et qu’il reprend le fil du sujet avec un commentaire similaire : « Oui, je pensais en parler plus tard. »
Je saisis l’occasion de lui demander : « Que veux-tu, que cherches-tu à dire quand tu réponds : j’allais le faire ? »
Lui : « je ne comprends pas ta question ! »
Moi : « Ok. Que sens-tu à ces moments-là ? Vas-y directement, ose, dis, demande ! »
Après quelques instants de réflexion, il me dit : « J’étais en colère ! »
-« En colère sur quoi, sur qui ? »
-« Je n’avais pas envie que toi et les autres parliez pour moi. »
-« Ok, et sur qui ? »
-« Pas sur toi ! »
-« Ah bon ?! »
-« Non, sur moi ! »
Je vous fais grâce de la suite de l’entretien…