« Bonjour, je m’appelle Philippe Rogier. J’ai indiqué mon numéro de téléphone et mon adresse e-mail sur le tableau derrière moi. En venant ici et en travaillant avec vous, j’ai aussi passé un accord avec Monsieur Untel/Madame Unetelle. Si vous avez une question, une réflexion, une demande à formuler après notre journée, n’hésitez pas à me contacter et je vous répondrai volontiers… »
C’est ainsi qu’en général, je débute une formation et un travail d’équipe ou de groupe. C’est évidemment une façon de donner aux participants la permission d’assurer le suivi du travail réalisé ensemble.
Ce jour-là, Ismet usa de cette possibilité qui lui était offerte : « Que s’est-il passé dans le groupe à tel moment ? Qu’est-ce que tu as fait ? Veux-tu bien m’aider à décoder, j’ai besoin de comprendre? »
J’aime ce genre de question qui appelle à la conscience et à la transparence des actes que nous posons dans une intervention, quelle qu’elle soit.
Conscience et Transparence
La conscience peut être immédiate, sur le moment de l’intervention. Elle peut aussi être le fait d’une réflexion ultérieure, reconnaissance des actes posés inconsciemment sur le coup de l’expérience, de l’intuition, de la spontanéité, de l’habitude, de l’alliance et du lien intersubjectif.
On connaît la courbe de l’apprentissage, qui explicite ce mouvement d’acquisition de nouvelles compétences en passant par quatre étapes, l’inconscient incompétent, le conscient incompétent, le conscient compétent et l’inconscient compétent.
Ainsi l’histoire du mille-pattes éclaire bien ce qui peut être un acte de compétence inconsciente, celui de poser ces milles pattes les unes avec les autres en avançant sans qu’elles se heurtent, jusqu’au moment où ce mille patte tentant de mettre de la conscience sur son mouvement s’effondre lamentablement comme s’il manquait de compétence.
La demande d’Ismet permet ce mouvement de conscience et/ou de prise de conscience pour elle comme pour moi.
Transparence aussi, qui est de laisser voir ce qui se passe derrière les actes posés. C’est comme donner du champ, une échappée, une profondeur aux faits, aux actions, aux comportements. C’est donner de la signification et permettre la clarification d’un sens sous-jacent sinon caché.
Cela permet alors de percevoir le plein, l’intention, l’enjeu, la stratégie comme le flou, le vide, l’inconnu, le non réfléchi. C’est donc prendre un risque, celui de se démasquer en reconnaissant un manque, une erreur.
C’est aussi se manifester comme être humain, dans la relation, l’imperfection, l’honnêteté, l’authenticité, la vérité de soi.
Il me semble intéressant de relever une étude menée par des psychologues de l’université de Boston sur les perceptions des internautes sur les sites de rencontre. Ces internautes préfèrent chatter avec ceux qui répondent aux questions posées même si les réponses peuvent sembler dévalorisantes. Le capital sympathie et confiance dans ces échanges croit en présence d’authenticité et de transparence.
C’est donc avec grand plaisir que j’ai répondu à la demande d’Ismet.
N’hésitez pas à partager vos expériences de conscience et de transparence…