Il est bien difficile de parler du sens ! Et cela d’autant plus que le mot lui-même peut revêtir plusieurs… sens. On parle en effet de sens pour désigner la direction, la signification, la perception, le plein…
Je l’ai compris aujourd’hui en parlant et partageant avec Jerome que je supervise. Il se réjouit de voir à quel point ses interventions de la dernière année lui semblent différentes de celles des années précédentes. Son ressenti est d’être sorti de l’obligation de se battre, de gagner, de remporter des contrats coûte que coûte, ce qui lui coûtait cher en sur-adaptation, en agitation et en stress. Aujourd’hui, il éprouve ces interventions sans enjeux superflus et sans nécessité de se sur-adapter.
Ma perception est qu’il a changé son regard sur l’importance de remporter un contrat*.
Certains contrats me semblent pourtant essentiels à ma vie, même si c’est dans mon métier:
- Les contrats alimentaires qui me permettent de me nourrir et de boucler le mois.
- Les contrats qui me permettent d’élever mes enfants et de le offrir une scolarité adaptée et des activités créatives.
- Les contrats qui me permettent de payer mes traites, ma maison, mes emprunts.
- Les contrats qui me permettent de soutenir les œuvres, les actions de bénévolat, le temps passé non rentable, le parrainage à l’étranger…
- Les contrats qui nourrissent mon ego et mes côtés obsessionnels (toujours plus, le pouvoir, la toute-puissance). Ce ne sont sans doute pas les plus adaptés mais ils me sont tout de même nécessaires.
- etc
Dans le film « New York melody », l’héroïne dit : « c’est magique, il suffit de ne pas s’attacher à la réussite du contrat pour qu’il se fasse! »
C’est là le paradoxe du contrat et de la vente. Pour obtenir un contrat, plus je veux, plus c’est compliqué et énergivore. A contrario, moins je force, plus je me libère et libère l’autre d’une obligation et plus facilement je l’obtiendrai !
La démarche du contrat, nécessaire dans le monde des affaires. Sans enjeux majeur, sans objet, sans intention, sans résultat précis, sans savoir ce que cela donnera, sur le chemin.
Cette démarche, c’est aussi éprouver le vide de n’avoir pas d’enjeux ni de résultat impératif à atteindre, c’est un vide, une mode de vie différente, une sorte d’écart.
Certains diront : impossible. D’autres : ose, vas-y, tente, éprouve !
C’est précisément dans cet écart que réside le sens. Le sens n’est pas dans l’atteinte, vaine et impossible, d’un résultat. Le résultat peut être comme un point de fixation qui rétrécit, limite, enferme. Le sens est là où cela s’ouvre, le mouvement, la pulsation, la tension, la distance et la proximité. L’agir avec cette pulsation.
Je peux comparer le résultat à un graal. La recherche du résultat, d’un résultat, c’est comme la quête du graal. Après celui-là, il y en aura toujours un autre pour remplacer le précédent. Jamais content.
Le sens, c’est la dynamique de l’acceptation, du mouvement, le lâcher prise et la liberté à minima intérieure.
Qu’en pensez-vous ?
* peut-être aussi sur l’argent et sur sa relation à l’argent…