Je crois me souvenir d’Eric Berne affirmant que toute transformation majeure et essentielle (révolution ou une décision vitale) s’opère systématiquement dans les larmes et dans le sang. Si cela est vrai, quel dommage de devoir en passer par là ! En même temps…
Il y a quelques jours, suite à la chute de Belie lors de l’une de nos randonnées, nous étions dans les couloirs de l’hôpital pour qu’elle y reçoive les soins nécessaires.
Assis en face de nous, deux jeunes d’une vingtaine d’année attendaient également d’être pris en charge. Les pansements qui leur couvraient les genoux, les coudes et les poignets n’avaient aucune incidence sur le large sourire qui leur barrait le visage.
Comme ils parlaient français, j’engage la conversation:
– « Vous attendez depuis longtemps ? »
– « On vient d’arriver. Nous venons pour le changement de pansement. »
– « Qu’est-ce qui vous est arrivé ? »
– « Nous avons eu un accident de scooter il y a deux jours… »
– « Oufti ! (pas certain qu’ils aient compris le sens de ce mot en patois liégeois qui marque l’étonnement, mais ils n’en laissèrent rien paraitre)
– « Nous sommes contents, nous avions nos casques et on est en Vie. Ça aurait pu être bien plus grave. Nos sommes vivants, c’est l’essentiel. Et puis ce n’est que cela », dit la jeune fille en nous montrant sa jambe gauche éraflée du haut de la cuisse jusqu’au pied.
Leur regard était beau à voir. On y voyait de la joie, de l’envie, de la reconnaissance et même de l’étonnement. Sans doute la vie et la conscience d’être en vie… J’apprécie ce mouvement d’ouverture qui témoigne dans leur chef d’une compréhension des choses rare à leur âge.
J’ai alors pensé à ce que vivent certains de mes clients dans leurs moments de transformation, cet instant si particulier de la prise de conscience de ce qui est vraiment essentiel pour eux:
- Isabelle: « Oui, je peux faire cela, j’en ai le droit, je le veux »;
- Jean-Jacques: « Oui, je suis occupé à me mettre moi-même à la porte de l’entreprise. Je vais changer cela »;
- Fabienne: « Oui, c’est du sauvetage que je fais là ; non, je vais changer cela »;
- Anne: « Non, j’ai aussi mon projet professionnel, pas question de le laisser de côté ».
Ces quelques exemples ne sont que des moments simples, qui peuvent amener chacun à un changement radical de comportement, de croyance, de représentation de ce que sont la Vie et le monde. Ces moments sont si bons!
Et vous, en avez-vous vécu récemment ? Quels étaient-ils ?
Bonsoir Philippe,
Merci pour tes textes qui m’apportent : réflexions et inspirations !
Je vis des changements importants de comportement, de croyance, de représentation de ce que sont la Vie et le monde, assez régulièrement, je dirais.
Comme effectivement ces moments sont si bons et bien je les recherche et ce sont eux qui me stimulent !
Un de ces changements de paradigme est en lien avec le début de ton texte : » …toute transformation majeure et essentielle (révolution ou une décision vitale) s’opère systématiquement dans les larmes et dans le sang…. ». Je ne suis plus certaine que tout se passe si difficilement ! Pourquoi ne pourrait -on pas changer dans la douceur, même si le modèle d’Elisabeth Khober Ross et ses phases de deuil me parlent..
Les premières fois où l’on prend conscience que notre réalité nous appartient et qu’elle est teintée de nos croyances (limitantes), oui ok, c’est forcément douloureux, car c’est un choc, mais après… Peut être que le changement peut être à la fois Important et se faire dans la douceur, une fois que l’on a compris que de toutes façons notre réalité n’est que subjective ?
En tous les cas, pour moi aujourd’hui, c’est le challenge !
Bien à toi Philippe.
Lara MB