Thérèse travaille pour une importante société chimique belge. Elle me contacte suite à une proposition de son manager: « Prends-toi un coach ! Tu as un super potentiel, je te trouve intelligente, attentive, spontanée. La relation est constructive avec toi et j’apprécie beaucoup notre collaboration. Pourtant, à un moment particulier, quelque chose semble te coincer et c’est comme si quelque chose en toi se bloquait. Qu’en penses-tu ? »*
Après un bref échange téléphonique et une première réunion avec Thérèse et Armel, son manager, nous débutons nos premières séances de coaching.
Nous construisons l’alliance, identifions ses objectifs, éclairons sa situation, veillons à notre okness et établissons un premier contrat. Nous voilà donc partis sur son chemin d’ouverture:
- Le regard sur son parcours (et la dureté de son regard).
- La place du travail dans sa vie familiale et personnelle (et la conscience de lui avoir laissé toute la place).
- Ses ressentis et intuitions (et la sensation de ne pas en avoir).
- Son regard sur le monde, les humains, la vie (et l’en-vie de redonner de la place à qui elle est, avec l’âge qu’elle a autour de la cinquantaine et l’impression qu’elle est à une charnière temporelle d’une re-décision).
* Je voudrais m’arrêter un instant sur la proposition faite à Thérèse par Armel, son manager. Je perçois chez Armel une belle attitude de coach avec sa collaboratrice. Et cet échange me fait penser au feed-back. A ce sujet, je vous renvoie à l’article publié le 22 novembre 2017.
Car il s’agit bien d’un feed-back positif. Thérèse l’a entendu, ce qui lui donne des permissions de choisir, de décider et de faire route tout au long du coaching. C’est un super moment, dont elle reparle de temps à autre. Un souvenir qui la nourrit et lui donne sa légitimité à croître. Chapeau à Armel, un homme qui ne craint pas le développement de sa collaboratrice et qui, au contraire, souhaite la voir faire son chemin, s’ouvrir et accroître sa puissance pour le bon de sa personne et de l’organisation. Ça donne envie de travailler avec lui ! Ce que je ne me suis pas privé de lui dire.
En vous écrivant ce jour, je fais le lien avec une autre situation rencontrée quelques jours plus tard. Très différente et pourtant tout aussi éclairante…
J’assiste une équipe. Marie, l’un de ses membres se propose comme coach pour aider à la gestion des processus de son groupe de travail. Au début de la journée, Pharell, un collègue, se sent agressé (ceci n’est pas un sentiment) par l’attitude de Marie. Suite à l’échange que j’ai avec lui en fin de journée, j’apprends qu’il s’est senti obligé (comment ?), contraint de suivre l’invitation, le mouvement et l’exhortation de Marie, alors que ce n’était pas son énergie du moment. Et s’il ne lui en a rien dit, c’est parce que, dans son for intérieur, il se disait « ce n’est pas important, je peux passer au-dessus de cela ». Et cela d’autant plus qu’il ne percevait pas d’émotion particulière.
En fin de journée, juste avant de nous quitter, Marie propose un temps de feed-back à son attention pour, dit-elle, lui permettre d’évoluer au sein de l’équipe. Tout de go , Pharell lui dit : « tu as été envahissante et intrusive et ça me dérange ».
Il m’a alors fallu métacommuniquer, réguler et réfléchir au sens de ce qu’il se passait. Je n’ai pu m’empêcher de penser : quel contraste avec la première situation !
Un feed-back est un outil de communication au sein des organisations dont l’efficacité se révèle quand il est utilisé avec précaution, bienveillance et intransigeance. S’il est vrai que le deuxième feed-back donné par Pharell parle de l’effet que l’attitude de Marie a eu sur lui et son implication, il n’est toutefois pas correct de faire porter toute la responsabilité sur la seule Marie…
Ma suggestion : quand je vis quelque chose de désagréable, prendre du recul, vérifier les émotions qui m’habitent et distinguer ce qui m’appartient de ce qui appartient à l’autre. Au final, penser à ce que l’autre fait de bon, constater et accepter mes zones d’incohérence, de fragilité avec douceur et dire les choses avec bienveillance. C’est sans doute cela l’intransigeance…