Manager dans le secteur bancaire, il est jeune et ambitieux. Alors que nous échangeons sur nos perceptions des émotions, il me dit : « En général, les hommes et les femmes ne les vivent pas de la même manière. Biologiquement, nous sommes différents et ressentons les émotions de manière différente aussi. Les femmes sont plus sensibles que les hommes d’ailleurs c’est prouvé scientifiquement ».
Le ton et la posture qu’il emploie pour s’exprimer me surprennent, pour ne pas dire qu’ils me désarçonnent. Droit sur sa chaise, il a le regard fixe et le verbe assuré, ce qui laisse peu de place à la contradiction. « Ça ne se discute pas ! »
De mon côté, gros malaise! J’éprouve un mélange de tristesse, de colère et de peurs. Tristesse pour le fossé que je perçois entre cet homme et moi et pour ma difficulté à construire la relation. Colère car je ne veux pas me laisser phagocyter dans un tel discours. Et enfin de nombreuses peurs qu’il me semble alors utile d’analyser.
En effet, quand en cours de séance, le coach ressent ce type de malaise, il est bon qu’il s’y arrête un instant, histoire de clarifier ce qui se passe en lui afin notamment de pouvoir adopter la posture ad hoc. C’est ce que j’ai fait en me penchant sur toutes les peurs que je percevais:
- peur de me sentir envahi, coincé et d’aller dans un espace temps inconfortable > j’avais envie de fuir, de me couper, d’aller ailleurs dans la tête, ce que j’ai d’ailleurs fait pendant quelques minutes.
- peur de perdre le lien d’autant que je voyais mon énergie baisser > au début, je restais intéressé par le sujet, jusqu’à ce que je perçoive ma baisse d’énergie et que je me replie sur moi.
- peur de casser la relation, de dire des choses désagréables, non voulues, d’être plus encore rejeté et humilié > envie de faire le gros dos, de laisser passer l’orage et en tout cas de ne prendre aucun risque.
- peur de perdre le contrôle, je me voyais en insécurité, dans une perte de pouvoir > envie de prendre le dessus. Je me suis relevé et l’ai regardé de haut avec une volonté de prendre le pouvoir et d’expliquer ma loi.
- peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir les qualités ou les compétences voulues, de ne pas tenir un discours impeccable, moi, l’ancien > envie de montrer que j’ai raison, d’en remontrer
Il me restait alors à choisir la posture et l’agir de ce moment. Comme le dit Viktor Frankl: « Un événement ne se représente jamais deux fois. Donc agis toujours comme si c’était la deuxième fois. Et à chaque moment, il y a un choix à poser qui donnera du sens à ton existence. »
J’ai respiré lentement du ventre, remis les pieds au sol, ouvert le cœur tant que j’ai pu et je lui ai fait part de l’effet qu’avaient ses remarques chez moi. J’ai terminé par une proposition d’échange basé sur le partage des représentations, sans imposer nos avis respectifs et en s’ouvrant aux propositions de l’autre.
Quant à sa réaction, elle fera l’objet d’un prochain article…
J’ai beaucoup aimé ton nouvel article! La phrase qui me vient à l’esprit en le lisant est « Straight to the point ». Merci et bonne journée!
Merci Natacha de ton commentaire, il est stimulant. Ça me fait penser que la posture du coach est donc aussi straight to the point : s’ancrer, rester chez soi, position okness dans l’accueil inconditionnel de l’autre. A bientôt. Philippe