J’avais 17 ans et demi et je venais de terminer mes humanités. En Belgique, c’est l’équivalent du bac en France. Mon diplôme en poche, je rentrais chez mes parents. J’étais content, fier et heureux d’une conversation que je venais d’avoir avec Louis Abel, mon professeur de français, de latin et de grec, qui m’encourageait à entreprendre des études d’ingénieur.
Arrivé à la maison, mon père me demande : « Que vas-tu faire maintenant, fils ? » Et sans me laisser le temps de répondre, il poursuit : « Rentre dans la compagnie d’assurance dans laquelle je suis. Ton avenir y est assuré (c’est le cas de le dire) et pour fidéliser tes clients, il faudra t’en occuper, les chouchouter, leur manifester ton intérêt et leur apporter ce dont ils ont besoin. »
C’était à ses yeux, le travail de rêve !
Papa comprenait combien le travail était important. Pour lui, c’était même une valeur objective. Devenu adulte juste avant la guerre 40, il avait traversé des temps difficiles pour construire son existence et préserver sa famille. Il me semble que mon père était animé par trois valeurs auxquelles il tenait plus que tout: sa femme, sa famille et son travail. L’argent servait à sécuriser ces trois passions. Et donc, ce qu’il me proposait, c’était de faire mienne l’une de ses valeurs: le travail de rêve qui représentait également la sécurité tant désirée. « Plus jamais cela ! », cette phrase mainte fois rabâchée pour éviter de retourner à la guerre.
Je ne donnai cependant pas suite et entrepris des études qui me semblaient plus ajustées à mes aspirations profondes. Cette décision fut en quelque sorte mon premier « mais… »
Il y a quelques jours, nous étions le 1er mai, jour de la traditionnelle « Fête du Travail », l’occasion idéale pour vous entretenir du… travail. Lire la suite