Archives du mot-clé sens

Mon premier « mais… »

J’avais 17 ans et demi et je venais de terminer mes humanités. En Belgique, c’est l’équivalent du bac en France. Mon diplôme en poche, je rentrais chez mes parents. J’étais content, fier et heureux d’une conversation que je venais d’avoir avec Louis Abel, mon professeur de français, de latin et de grec, qui m’encourageait à entreprendre des études d’ingénieur.

Arrivé à la maison, mon père me demande : « Que vas-tu faire maintenant, fils ? » Et sans me laisser le temps de répondre, il poursuit : « Rentre dans la compagnie d’assurance dans laquelle  je suis. Ton avenir y est assuré (c’est le cas de le dire) et pour fidéliser tes clients, il faudra t’en occuper, les chouchouter, leur manifester ton intérêt et leur apporter ce dont ils ont besoin. » 

C’était à ses yeux, le travail de rêve !

Papa comprenait combien le travail était important. Pour lui, c’était même une valeur objective. Devenu adulte juste avant la guerre 40, il avait traversé des temps difficiles pour construire son existence et préserver sa famille. Il me semble que mon père était animé par trois valeurs auxquelles il tenait plus que tout: sa femme, sa famille et son travail. L’argent servait à sécuriser ces trois passions. Et donc, ce qu’il me proposait, c’était de faire mienne l’une de ses valeurs: le travail de rêve qui représentait également la sécurité tant désirée. « Plus jamais cela ! », cette phrase mainte fois rabâchée pour éviter de retourner à la guerre.

Je ne donnai cependant pas suite et entrepris des études qui me semblaient plus ajustées à mes aspirations profondes. Cette décision fut en quelque sorte mon premier « mais… »

Il y a quelques jours, nous étions le 1er mai, jour de la traditionnelle « Fête du Travail », l’occasion idéale pour vous entretenir du… travail. Lire la suite

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Bis repetita…

En préparant l’article consacré au concept des 9 niveaux de sens nous avions bien mesuré la difficulté et la nécessité de le distinguer d’un autre concept fondamental, celui des 9 vertèbres de la colonne vertébrale « de l’identité ».

A la lecture de l’article, Fabienne avait d’ailleurs réagi: « Bonjour philippe, Merci pour ton article, les 9 niveaux de sens dans la relation et pas seulement dans l’identité de la personne. Je l’avais jamais vraiment vu comme ça. Belle journée à toi. »

Merci pour ton commentaire, Fabienne. Je reconnais le plaisir que tu me fais en le transmettant. 

Nous avions beaucoup cherché à rendre le concept compréhensible et accessible. Il semble maintenant nécessaire de préciser les différences entre les deux modèles. Appuyons-nous pour cela sur un exemple concret. Lire la suite

Du coeur à l’ouvrage

Elles s’appellent Chantal, Stéphanie ou Christiane. Ils se nomment Pierre, Michel ou Max.  Ce sont des personnes de compagnie qui donnent de leur temps pour accompagner d’autres personnes moins valides, à mobilité réduite ou malades. La plupart le font de manière bénévole.

Dernièrement, l’une d’elles accompagnait Annie dans son déplacement afin de lui permettre d’assister à un séminaire consacré au travail.

Lors d’une pause, nous nous rencontrons au détour d’une salle. Face à elle, je me sens joyeux, impressionné, touché et presque timide. Sa démarche est si belle et le cadeau qu’elle fait à Annie si précieux… Lire la suite

Nathan n’est plus à la fête!

Nathan est patron, une fonction qu’il partage avec son associé. En effet, ils sont deux à diriger la boîte de consultance spécialisée dans le secteur public et associatif.

Arrivé il y a trois ans, Nathan s’est investi corps et âme dans ce projet. Il a fait évoluer le métier du cabinet vers plus de coopération et d’ouverture avec le privé. Et contre toute attente, son associé en souffre au lieu de s’en réjouir. Pis, il semble reporter sa souffrance sur le dos des collaborateurs … et de Nathan. Rigidité, manque d’ouverture et multiplication d’exigences inutiles ou inappropriées sont devenus sa marque.  Lire la suite

Bienvenue dans mon panthéon!

Le journal Le Soir a récemment consacré un article au dernier livre de la philosophe Corinne Pelluchon: « Éthique de la Considération », paru au Seuil.

Je vous en livre – si j’ose écrire – quelques extraits:

« La considération, c’est quand je fais l’expérience du lien profond qui m’unit aux autres vivants. »

« Les crises que nous traversons (…) sont effectivement aussi des crises « spirituelles », liées à la subjectivité, ou plutôt à la désubjectivation. »

Et enfin, en réponse à la question du journaliste désireux de savoir si les gens passent aux actes: « Il y a un manque de pragmatisme et surtout de vision globale. Mais la société civile avance. Il faut de la patience, (…) enclencher (…) un mouvement, une dynamique, d’autres feront mieux que nous après. (…) Il faut construire, proposer des choses, dans un contexte difficile pollué par l’idéologique. » Lire la suite

Tout ça pour quoi?

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Cette question revient souvent dans mes derniers accompagnements de patrons, de consultants ou de managers. Confrontés à l’extrême pression économique, financière, socio-politique, manipulatoire ou réductionniste qu’ils subissent, ils connaissent doutes, hésitations et insécurité au moment de faire des choix, de prendre des décisions et de les mettre en action.

« Tout ce que j’ai imaginé, investi, construit, accompagné ! A quoi tout cela peut-il servir à terme ?  J’ai l’impression de faire du sur place, de ne pas avoir avancé ou même d’être revenu à la case départ. Alors qu’il y a tant à faire juste à côté de moi qui me paraît tellement important, voire essentiel !  »

Ces questions existentielles me tournaient gentiment en tête quand j’ai vu le film « Concussion » (« Seul Contre Tous » dans sa version française). Will Smith y incarne le docteur Bennet Omalu qui pratique des autopsies légales post-mortem au sein d’une institution publique. Le film nous le décrit comme un illuminé, un excentrique, qui parle aux morts en les rassurant et en leur décrivant ce qu’il est occupé à faire.

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Mon chemin passe par des renoncements nécessaires…

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Alors que nous venions d’entamer 2017, le coach propose aux membres du groupe qu’il anime d’écrire sur des étoiles ce que chacun retenait de bon de 2016 et ce qu’il souhaitait en 2017.

Pour ma part, j’écris « gratitude » et « transition fulgurante » (du nom d’un livre écrit par Pierre Giorgini) sur l’étoile dédiée à 2016. Et pour 2017, je trace les mots « renoncement » et « soin de soi ».

Quelques jours plus tôt, j’avais appris que nous étions choisis pour accompagner les changements de gouvernance et de management dans un centre hospitalier. L’idée que notre travail allait profiter aux soignants et, in fine aux patients, me remplissait d’un sentiment de plénitude. Cela avait du sens. La santé et le soin de soi étaient au cœur de ce nouveau travail. Lire la suite

Du chaos management au chaos existentiel ou de l’important à l’essentiel…

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Angela est patronne d’un cabinet de consultance. Comme elle le dit elle-même, elle y prend son pied tous les jours et a l’impression de vivre à l’intérieur du cabinet ce que son équipe et elle proposent dans leurs accompagnements à l’extérieur.

« Je suis fière de cela, de voir qu’avec mon équipe, nous arrivons à expérimenter dans la vraie vie du cabinet les processus que nous suggérons et mettons en place chez nos clients. Cela a été bon pendant toutes ces années! »

« Et aujourd’hui, Angela, c’est encore bon pour toi ? »

« Je suis frustrée ! Et c’est trop ! J’ai l’impression de vivre une vie à la con. Je voudrais être ailleurs. »

Après quelques questions complémentaires, je comprends qu’Angela est à l’aise dans l’entreprise avec l’imprévisibilité, l’incertitude, les erreurs et doutes possibles. En tant que chef d’entreprise, elle connaît la culpabilité et elle s’en accommode en prenant ses responsabilités. Elle est confrontée quotidiennement aux diverses contradictions liées à sa fonction, aux paradoxes, ambiguïtés et ambivalences entre lesquelles elle doit arbitrer : vouloir quelque chose au plus profond et lâcher prise sur ce vouloir, gérer le court terme et le long terme dans des décisions contradictoires et pourtant nécessaires, perdre du temps pour en gagner. Et elle accepte ces contradictions, qu’elle utilise comme des opportunités pour faire vivre la culture de l’entreprise en émergence. Elle est à l’aise dans tout cela et elle me le confirme. Et pourtant, elle ressent des frustrations majeures. Que fait-elle là ? Lire la suite

Ordo ab chao

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Dans l’article précédent, nous avions laissé Anouchka face à ses questionnements: « Que se passe-t-il ? Comment réagir ? ».

Première piste: 

Basique et assez répandue, la première idée consiste à se focaliser sur la résolution technique et pratique des difficultés. Anouchka pourrait par exemple développer le marketing de sa structure, renforcer ses démarches commerciales, retourner voir ses clients et leur faire d’autres propositions. Dans un autre registre elle pourrait menacer d’attaquer pour rupture de contrat, rompre les alliances, etc.  Lire la suite