Dans la culture « Coach and Team* », deux termes reviennent fréquemment au point de faire un peu figures de leitmotivs: »bienveillance et exigence ». Revêtus d’une double connotation de protection et de permission, ces deux mots sous-tendent toutes postures et interventions de coaching et de management.
Bienveillance
Si le mot bienveillance peut être évocateur d’une valeur visée (« veiller au bien », qu’il s’agisse de soi ou de l’autre), il peut aussi perdre de son intention (voir ci-dessous).
Mais au fond, qu’est-ce que « veiller »?
Pour le comprendre, l’on peut se référer à trois histoires:
-Celle de la grenouille qui, placée dans une bassine d’eau froide mise sur le feu, se laisse cuire sans se rendre compte de l’inconfort de sa situation.
-Celle de ces vierges qui veillent en attente de leur maître et qui s’endorment.
-Celle enfin des derniers krachs boursiers que peu de spécialistes avaient envisagés, malgré d’importants efforts en termes de veille professionnelle.
J’en déduis que « veiller » c’est agir, se mettre en mouvement, rester en dynamique. Et si je tiens compte de mes intuitions et de ma conscience, c’est aussi les interroger en lien avec celui/ceux qui me fait/font face. Démarche éthique toujours présente. Berne en parlait déjà quand il positionnait nos actes (qu’il appelle « travail ») sous deux regards: celui de l’opérationnel (qu’il appelle activité) et celui des processus. Ces derniers peuvent être envisagés comme une prise de recul, un espace de régulation et de métacommunication, voire d’interrogation déontologique et éthique.
En ce qui concerne le « bien » – si délicat à définir pour soi, alors que dire quand il s’applique à l’autre ? – je tente une proposition. Le bien me semble en lien avec les éléments de l’anthropologie. Et je me pose dans un cadre de référence commun à CT, à la logothérapie et à la phénoménologie. L’homme est caractérisé par son autonomie, la liberté et la responsabilité. Par ses capacités de distanciation et de transcendance. Par sa conscience, une dynamique d’évolution et de croissance. Tout lui a été donné, notamment la vie, qu’il a reçu infinie.
Veiller au bien, ou si vous préférez, témoigner de bienveillance consisterait donc à protéger et permettre le développement, le mouvement, la croissance des personnes en relation.
Exigence
Plusieurs définitions, parfois opposées, peuvent éclairer la portée de ce second terme.
L’exigence peut être une occurrence, un besoin. (Selon l’exigence des affaires). Elle peut caractériser ce qui est exigé. (Les exigences de l’état social). Elle peut être aussi le caractère, la prétention de celui qui est exigeant. (« Il est d’une exigence insupportable »). Elle peut même être une prétention injuste imposée à une personne.
Pour ma démonstration, je ne retiendrai que les deux premières définitions. L’exigence est une occurence, un besoin qui caractérise ce qui est exigé dans les situations de survenance (coaching, management). On perçoit dès lors la finesse du geste. C’est le marteau qui frappe au bon endroit, la souplesse et la concentration du funambule sur son fil tiré entre deux rives. L’une qui provient d’une bienveillance mal comprise, sorte de sauvetage sans plus d’intention de croissance, même si cela reste inconscient. L’autre du perfectionnisme virant à la prétention et à la toute-puissance.
Et ce fil concerne aussi bien mes relations avec autrui que le regard porté sur moi-même. Cela demande de garder beaucoup de douceur, d’ouverture, de compassion avec soi et d’acceptation de soi.
Dès lors, je vous invite à vous manifester à vous-même de la gratitude ce matin. Je ferai de même. C’est ce que je vous/nous souhaite pour cette prochaine semaine…
* Coach and Team ©, cadre d’intervention de coaching et de team-building, développé par Vincent Lenhardt, dont est issue l’école EPR-CT. (voir www.epr.academy)