Au détour des couloirs d’entreprises de toutes tailles, on entend souvent dire que les réunions de travail se suivent et se ressemblent. Certaines mauvaises langues particulèrement remontées vont même jusqu’à prétendre qu’elles sont aussi chronophages qu’inutiles…
Il est pourtant des réunions qui ne justifient pas ces sombres réputations. C’est notamment le cas lorsque l’émergence est de la partie et que manager, leader, coach et animateur tiennent compte des éléments susceptibles de perturber s’ils ne sont pas gérés ou, au contraire, de favoriser la croissance des individus et de l’organisation quand ils sont intégrés.
Ce jour-là, nous en sommes à la quatrième réunion de travail d’une série de huit. Une participante manque à l’appel et la réunion débute pourtant dans le respect des processus traditionnels: présentation de l’objet de la réunion, moment d’inclusion, exposé de l’agenda et début du travail à proprement parler.
Arrive alors Anaïs avec une grosse demi-heure de retard. Que faire ? Plusieurs options s’offrent aux animateurs que nous sommes:
- laisser Anaïs s’inclure dans un groupe déjà au travail
- interrompre le groupe pour l’accueillir
- lui demander d’attendre la fin de cette tranche de travail (25 minutes)
- l’accueillir en tant que animateur disposant d’un temps libre
- etc
Aucune de ces options n’est totalement satisfaisante.
Nous sommes au croisement entre, d’une part, une situation avec des personnes dans des activités différentes et, d’autre part, des options qui permettent de poser un choix, une décision, une mise en action. En logothérapie, on parle de la valeur à mettre en œuvre. Cet agir (choix, décision, action) qui se veut libre et responsable pose l’idée qu’il a de la valeur dans cette situation particulière, avec ces individus particuliers. C’est aussi ce qui donne sens, certainement pour moi, et le donnera potentiellement pour les membres de l’organisation. Cela inclut donc le What (ce que nous allons faire), le How (comment nous allons le faire) et le Why (à quelle fin nous allons le faire). Vous connaissez la trilogie contenu-processus-sens.
Nous décidons alors de proposer à Anaïs de travailler avec elle pendant les 25 minutes, pour lui permettre de raccrocher au travail avant de réintégrer le groupe.
Point d’attention : inclure Anaïs sans chercher à l’engouffrer dans l’activité, objet du travail en cours. Comprenons bien que l’inclure ne consiste pas seulement à lui raconter ce qui s’est passé en son absence, c’est aussi prendre le temps de revivre le moment d’inclusion. Bref, il s’agit de donner la priorité au sens de l’inclusion et à son processus sur le contenu des groupes de travail. Une gageure d’autant plus ambitieuse qu’elle est, hélas, inhabituelle dans le monde des entreprises.
Voilà une invitation à donner du sens à ce que nous faisons et à intentionner nos choix, nos décisions et nos actions. Donner du sens, c’est générer ce qui est bon pour nous, pour les autres et pour les organisations. À chacun de se positionner en fonction de ses valeurs, de son identité et de son autonomie.
A méditer…
Merci Philippe de partager ces expériences qui ouvrent à des réflexions qui nous font avancer…
Bonjour Judith, chouette d’avoir ton regard et de percevoir que cela peut te stimuler ! belle continuation et au plaisir d’une rencontre prochaine ?
En septembre à Paris pour les 30 ans…
Merci Philippe pour la présentation de cette situation intéressante qui peut être une belle source de conflits si elle n’est pas bien appréhendée par le groupe. Je me pose la question du processus de décision du groupe pour lister les options possibles et faire un choix parmi toutes ces options. Autrement dit : comment l’intelligence collective se met en action face à l’imprévu ?
Cher Olivier,
Veux tu bien me permettre de revenir sur cette question à mon retour de vacances ? Je te réponds vers le 15 août. À bientôt. Philippe